La start-up a achevé sa première levée de fonds auprès du secteur privé. Un financement qui dynamisera ses activités axées sur le développement de molécules thérapeutiques à partir, notamment, de plantes médicinales indigènes.
Crée en 2016, Axonova a choisi Maurice pour son implantation. Installée à Le Vallon, Vieux-Grand-Port, l’entreprise opérant dans le domaine de la recherche propose des services et produits innovants aux secteurs pharmaceutique, biotechnologique et académique à travers le monde. Ses plateformes de recherche sont principalement axées, pour l’heure, sur le développement de nouvelles molécules thérapeutiques pour les maladies du système nerveux central, mais Axonova projette de s’orienter, à l’avenir, vers d’autres domaines tels que l’oncologie et les maladies métaboliques dont le diabète.
L’entreprise a complété, cette année, sa première levée de fonds auprès d’investisseurs du secteur privé à Maurice. Une étape importante qui devrait lui permettre d’accélérer sa croissance. Elle pourra, de ce fait, développer des plateformes de recherche à la pointe de la technologie et des collaborations internationales en matière de recherche et développement (R&D). Axonova a d’ailleurs fait de la recherche une de ses priorités et y consacre près de 20 % de son chiffre d’affaires. Pour mener à bien ses activités de R&D, elle mise donc fortement sur des subventions et autres formes de financement provenant, notamment, de partenariats public-privé. Grâce aux fonds ainsi obtenus, l’entreprise peut réduire les risques liés au développement de molécules thérapeutiques – processus impliquant un taux d’échec relativement élevé.
Le fondateur et Chief Executive Officer (CEO) d’Axonova, Fabien Boullé, explique que l’entreprise développe des plateformes de recherche positionnées à différents stades dans la chaîne d’élaboration d’un médicament. Il cite, à ce chapitre, des travaux se focalisant, dans un premier temps, sur la découverte et l’identification de nouvelles molécules à fort potentiel thérapeutique et qui suivent leur cours jusqu’à la validation de ces molécules dans des modèles précliniques. Ceux-ci étant essentiels afin de déterminer l’efficacité et/ou les risques de toxicité chez l’homme.
«Nos plateformes nous servent à proposer des services de recherche aux laboratoires pharmaceutiques désireux de développer de nouveaux candidats-médicaments, mais également, en tant que start-up innovante, à développer notre propre pipeline de candidats-médicaments, à travers des programmes de R&D internes ou collaboratifs», souligne Fabien Boullé, ajoutant que l’objectif d’Axonova est de développer des candidats-médicaments à un stade précoce, soit préclinique, y compris des médicaments à base de plantes ou molécules phytochimiques, «avec une attention particulière pour les maladies neurodégénératives et autres troubles du système nerveux central». Le CEO indique que lorsque les candidats-médicaments ont été validés dans les plateformes et modèles précliniques d’Axonova, ils peuvent être vendus à des laboratoires pharmaceutiques. Il revient alors à ces derniers de continuer le développement clinique et la commercialisation.
Bienfaits du monde végétal
Par ailleurs, en s’installant à Maurice, l’entreprise biotechnologique entend capitaliser sur les forces de l’écosystème local et saisir les opportunités existantes dans la région. Il faut en effet savoir que Maurice et les îles voisines de l’océan Indien présentent une richesse botanique unique au monde, incluant des milliers de plantes médicinales spécifiques à cette zone. À ce propos, Fabien Boullé se dit personnellement convaincu des bienfaits du monde végétal et souligne que la mise au point d’actifs végétaux originaux «est une opportunité thérapeutique de plus en plus reconnue dans le secteur de l’industrie pharmaceutique». Au niveau d’Axonova, poursuit-il, on met actuellement au point une plateforme de «screening in vitro» destinée à l’évaluation du potentiel neuroprotecteur et thérapeutique de nouvelles molécules, y compris «des molécules actives de plantes médicinales».
Dans la mesure où cette plateforme permet de tester une vaste quantité de molécules et d’échantillons à courte échéance, affirme Fabien Boullé, elle ouvre la porte à de nombreuses opportunités de collaboration avec des acteurs biotechnologiques locaux et internationaux. Axonova a, par exemple, quelques projets en cours avec l’Université de Maurice (UoM), qui a déjà fait des travaux de recherche enthousiasmants sur certaines plantes médicinales indigènes. En mettant à profit la technologie et le savoir-faire dont elle dispose, Axonova compte valoriser ces ressources académiques en élaborant des molécules qui devraient intéresser les sociétés pharmaceutiques et nutraceutiques.
L’exploitation de la flore locale par le biais de la biotechnologie pourrait contribuer à soulager diverses affections d’ordre neurologique, estime le fondateur d’Axonova. «Nous soutenons l’hypothèse selon laquelle certaines familles de molécules actives de plantes peuvent activer une voie de signalisation très importante qui est impliquée dans la protection des cellules nerveuses», fait valoir Fabien Boullé. À partir de là, leur projet consiste à tester, dans leurs modèles cellulaires, une vaste quantité de molécules actives de plantes indigènes de la région afin d’identifier et de caractériser le potentiel neuroprotecteur de ces molécules phytochimiques. Notre interlocuteur avance même que «les meilleurs candidats issus de ce projet pourront être testés ultérieurement dans d’autres modèles plus élaborés pour évaluer leur efficacité thérapeutique dans des indications telles que la maladie d’Alzheimer».
Axonova s’engage, depuis le début de ses activités, dans diverses formes de collaborations et de partenariats de développement pharmaceutique. Pour ce qui est du développement de son propre pipeline de nouveaux candidats-médicaments, elle travaille surtout sur des projets de R&D en interne, ou en partenariat de codéveloppement. L’idée étant de puiser l’innovation à un stade précoce auprès de centres de recherche académiques et jeunes start-up et de travailler avec elles pour porter cette innovation à l’étape supérieure dans le développement d’un médicament. «Les droits de propriété intellectuelle ou brevets générés durant ce type de collaborations peuvent êtes ensuite revendus à des laboratoires pharmaceutiques», précise Fabien Boullé.
Le CEO fait ressortir que plusieurs années de travail sont parfois nécessaires avant la validation d’une molécule au stade préclinique et la possibilité, pour celle-ci, de passer à l’étape des essais cliniques chez l’homme. Axonova propose aussi ses services à des entreprises souhaitant utiliser ses plateformes technologiques pour soutenir la recherche biomédicale ; son offre s’adresse à l’industrie pharmaceutique et biotechnologique à travers le monde. «Nous visons plus particulièrement les entreprises ayant des candidats médicaments en cours de développement préclinique», dit-il.
Lorsqu’il était en Europe, Fabien Boullé nous confie avoir participé au développement du pôle biotechnologie/santé de Maastricht, aux Pays-Bas. Une expérience qui l’amène à dire qu’il est primordial de positionner Maurice dans ce secteur et pour ce faire, d’avoir une vision stratégique à long terme. «Il est très important que les instituts de recherche, les entreprises de biotechnologie et le gouvernement travaillent en étroite collaboration pour développer l’écosystème et attirer des acteurs clés», ajoute-t-il.
Le financement reste, insiste le CEO, central à cette démarche car si l’on veut promouvoir l’entrepreneuriat et encourager l’innovation biotechnologique, «nous avons besoin d’incitations telles que des crédits d’impôts pour la recherche, des prêts à l’innovation et à l’amorçage ou des aides et subventions pour la recherche». Fabien Boullé évoque la nécessité, au sein de cet «écosystème de financement», de la participation de sociétés de capital-risque et d’investisseurs qui comprennent le secteur des biotechnologies et qui seraient prêts à prendre le risque de soutenir les entreprises innovantes axées sur la recherche. Et le CEO d’Axonova de conclure : «Si tous ces éléments sont présents, je suis convaincu que l’industrie mauricienne de la biotechnologie se développera rapidement et de manière significative dans les années à venir.»